jeudi 29 novembre 2007

Lettre ouverte à Mme. Clotilde Tascon et à M. Daniel Delaveau

NON au Métro dans la coulée verte des Longs Champs

La coulée verte des Longs Champs est l’allée centrale du quartier. Elle s’étend dans le vallon creusé par un ruisseau qui prend sa source plus en amont sur la commune de Cesson. Une digue barrant le cours d’eau a permis la création d’un étang servant de bassin de réception aux eaux de ruissellement. L’ancien linéaire du talus boisé bordant le ruisseau a été conservé des deux côtés du vallon dans la partie ouest et sur une seule rive côté sud. Cette coulée de verdure voulue par les promoteurs du quartier a été l’objet de soins attentionnés des jardiniers de la Ville qui ont réalisé un superbe ensemble paysager visité par de nombreuses délégations d’urbanistes, d’aménagistes, de jardiniers et de paysagistes. Cette Nature dans la Ville a été préservée pendant les vingt cinq années d’existence du quartier. Ceci malgré les tentations souvent légitimes de grignoter cet espace naturel par l’aménagement de parkings au fur et à mesure de la croissance des besoins en stationnements des habitants et usagers du quartier.
Ainsi grâce à ces mesures conservatoires et à cette gestion durable du milieu par la mise en jachère (c'est-à-dire non tonte des pelouses en terrain trop pentu) et par l’arrêt de l’utilisation de produits phytosanitaires, la coulée des Longs Champs est devenue au fil du temps un refuge pour la biodiversité. Cet espace est même bien plus riche que les champs artificialisés de la campagne des alentours de Rennes Métropole, pourtant identifiés par la plupart des citadins comme la vraie nature.

Nous avons recensé une quarantaine d’espèce d’oiseaux dans le quartier. Certains sont nicheurs, d’autres seulement de passage, mais cela montre bien le rôle de corridor joué par cette allée de verdure. Pour les spécialistes de la biologie de la conservation, l’arrachage des arbres que nécessiterait le passage du Métro en aérien ou en tranchée couverte, entraînera indubitablement l’arrêt du fonctionnement de ce système. C’est donc l’ensemble du quartier qui perdra sa naturalité.

Enfin les vieux chênes des talus hébergent l’une des plus emblématiques espèces d’insectes de la faune entomologique française : il s’agit du Coléoptère Cérambycide Cerambyx cerdo, que l’on peut observer en juin, mais très rarement car les larves ont un cycle long de quatre ans dans les troncs des vieux chênes. Le grand capricorne est une espèce totalement protégée au niveau national (arrêté du 22-07-1993) et mentionnée dans les textes européens (annexe II de la Convention de Berne et annexe IV de la directive Habitats Faune –Flore).

L’intérêt de cet espace de Nature dans la ville n’est pas uniquement biologique, il a aussi un rôle pédagogique. Les enfants de l’école Jean Rostand ont monté un projet financé par la direction de quartier. Aidés par les jardiniers ils ont recensé les différentes essences d’arbres présentes dans le quartier. Ce travail s’est concrétisé sous la forme d’un panneau d’information malheureusement vandalisé depuis son installation.
Une exposition, la Biodiversité : parlons-en s’est tenue en mai 2007 dans la Halle de l’EPI. Elle a sensibilisé les enfants et les habitants du quartier à la réalité de la richesse de leur environnement.

C’est enfin au citoyen de choisir dans quel environnement il désire vivre, aussi mesdames et messieurs aménagistes, urbanistes, ingénieurs, techniciens avant d’éteindre vos palettes graphiques et vos ordinateurs, et vous mesdames et messieurs les élus avant de voter pour ce projet indécent, aller voir l’exposition Une place, deux étangs … dans vos propres locaux du Centre d’Information sur l’Urbanisme. Ecoutez les paroles des habitants sur leur étang, sur leurs arbres et les écureuils sautant de branche en branche. Loin des statistiques sur le nombre d’usagers à transporter et de la rentabilité de la ligne, vous comprendrez mieux pourquoi, dans ce quartier récent sans référence historique, les habitants sont si attachés à la préservation de leur environnement.

Alain Guéguen
Membre du Conseil du Quartier 6

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le scarabée pique-prune a bloqué la construction de l'autoroute Alençon- Le Mans - Tours (cf www.chez.com/piqueprune).
Le coléoptère cité dans l'article peut en faire autant pour la ligne de métro le long de l'étang.
En tout cas respectons et sauvons les chênes qui nous donnent un cadre de vie appréciable.

un habitant du quartier